La Route 7 : Passage de frontière entre le Chili et l’Argentine
La route 7, cest LE chemin à emprunter pour traverser la frontière entre le Chili et l’Argentine. On a vraiment été époustouflés par cette route.
Traversant les Andes, on y voit notamment l’Aconcagua, plus haut sommet du continent américain, atteignant les 6962m.
Il faut dire que la Cordillère des Andes cumulent tous les superlatifs : plus longue chaîne montagneuse du monde, un nombre incalculable de volcans, elle passe par pas moins de 7 pays (Vénézuela, Colombie, Equateur, Pérou, Bolivie, Chili, Argentine) pour s’étendre sur 8.000km, la plus grande dénivellation (14km quand-même),…
Sans parler des nombreux mystères qu’elle garde bien précieusement au cœur de ses montagnes. ⛰
La Route 7
La route 7, le plus beau passage de frontière qu’il nous ait été donné de voir !
Revenons à nos moutons, aujourd’hui, nous devons donc rejoindre Uspallata (Argentine) au départ de Santiago (Chili), 240 km et 3h40 en théorie (car en pratique, comptez le double).
C’est dans la ville chilienne qu’on a choisi de prendre possession du van avec lequel on va traverser l’Argentine. Le temps de faire le nécessaire et de rassembler nos affaires chez Karim, notre hôte, on part vers 14h, un peu tard par rapport à notre programme.
Comptez 2h30 minimum pour rejoindre la frontière, il y a énormément de camions et la route est très sinueuse.
Arrivés au passage, on a la mauvaise surprise d’être la 30ème voiture dans une file qui n’avance pas.
On perd patience, on demande ce qu’il en est : panne de système, appremment, ça arrive souvent.
Après une bonne heure vient finalement notre tour et tout se passe bien.
✅ Conseil : vérifiez plutôt deux fois qu’une que l’agence de location vous donne bien les papiers vous permettant de passer la frontière sans quoi, vous resterez au Chili.
Soyez donc patients car la plus belle partie de cette route mythique est clairement du côté argentin.

Puente del Inca : entre légende et désolation
On quitte la douane et on avance en direction de Puente del Inca.
En chemin, on est censés passer devant l’entrée du parc Aconcagua mais introuvable et comme on est déjà bien en retard, on laisse tomber.
Puente del Inca, c’est une arche naturelle née d’un mélange de fonte des glaciers laissant derrière eux une grande quantité de débris ayant subis l’érosion et d’une eau très fortement chargée en minéraux (soufre, sel, fer…) ayant solidifié le tout et lui conférant ses extraordinaires couleurs orange, jaune, ocre et vert.
Une des légendes raconte que le roi Inca, fils d’Inti, dieu soleil de l’empire, était un excellent monarque, dévoué à son peuple et conquérant dans l’âme.
Un jour, extrêmement malade, il part pour les Andes, accompagné de ses fidèles serviteurs, à la recherche de la plante médicinale qui le guérira. Malgré des routes déjà plutôt bien tracées, le trajet est long et l’Inca s’affaiblit de jour en jour.
Tout espoir les quitte lorsque la délégation rencontre un fleuve infranchissable, aujourd’hui nommé Rio de las Cuevas. Des coureurs sont envoyés en tout sens mais rien n’y fait.
Les accompagnants expliquent alors la situation à leur chef, essayant de le soulager au maximum. Touché par tant de solicitude, Inti décide de consulter Mama Quilla, la lune, pour trouver une solution.
A la stupéfaction générale, le lendemain, un pont se dresse fièrement devant la caravane du roi. Si bien qu’ils purent continuer leur chemin, trouver la plante et soigner le roi. Ils revinrent à Cuzco acclamés par la foule qui avait eu vent du miracle.
Au début du 20ème siècle, l’endroit devient incontournable grâce à son resort & spa particulièrement prisé pour ses sources d’eau chaude aux vertus curatives, d’autant qu’il est desservi par la ligne de chemin de fer et se situe sur la randonnée vers l’Aconcagua.
A son apogée, chaque chambre de l’établissement a son bain d’eau thermale particulier, si bien que Puente del Inca devient une véritable station thermale touristique où se pressent célébrités et bourgeois argentins.
L’année 1965 sonne le glas de cet engouement, lorsqu’une avalanche ravage tout sur son passage. Seule subsiste la chapelle du village et l’hôtel est alors laissé à l’abandon.
Aujourd’hui encore, l’endroit est unique en son genre, ses teintes, déposées sur la roche telles des coulées, donnent l’impression d’apparaître à l’instant, ces vestiges d’un bâtiment de prestige complètement délaissé et ce pont sans base laissent penser que le secret des lieux n’a pas encore été percé.
✅ Info : si vous aussi vous voulez voir le Puente del Inca de vos propres yeux, sachez donc qu’il se trouve sur la Nationale 7, à une petite vingtaine de kilomètres de la frontière chilienne, en direction de l’Argentine.
Il n’est malheureusement plus possible d’aller sur le pont pour des raisons évidentes (risque d’éboulement) depuis 2006 mais si vous passez par là, le décor est vraiment incontournable !

Le Transandino : le chemin de fer qui longe la Route 7
Rapidement après le passage de la frontière, on s’intéresse au chemin de fer, qui inlassablement longe notre route.
Plus on avance et plus sa complexité nous fascine, on ne peut plus quitter des yeux cette ligne à flanc de roche, pour laquelle de nombreux ponts en fer ainsi que des gares (aujourd’hui au milieu de nulle part) ont été construits ci et là.
Elle fait littéralement corps avec les Andes et on imagine aisément les passagers subjugués par la beauté du paysage qu’il découvre, à travers les vitres de leur wagon.
L’expérience devait être unique et on se plait à rêver d’être à leur place. On a qu’une envie, connaître l’histoire de ces rails !
Le Transandino relie Valparaiso (Chili-côte Pacifique) à Mendoza (Argentine) sur 250km, ses travaux débutent en 1873.
Certains tronçons sont déjà ouverts mais l’inauguration a lieu le 5 avril 1910 et si nos informations sont bonnes, c’est alors la ligne de chemin de fer la plus haute du monde. 🚂
Le milieu hostile pose rapidement problème à la compagnie qui, dans les plus mauvaises années, ne tourne pas la moitié du temps.
De plus, les deux pays ne sont pas toujours d’accord sur la marche à suivre, ce qui ralentit les avancées.
Les derniers passagers sont transportés en 1978.
Voilà maintenant quelques années que le Chili et l’Argentine parlent de restaurer la ligne mais rien ne bouge. Espérons qu’un jour ça puisse se faire car le parcours vaut le détour.
En attendant, on admire la vue et on ne s’en lasse pas, les rails sont photogéniques à souhait et les bâtiments abîmés servant de gares à l’époque laissent une grande place à l’imaginaire :
Debout sur ce qui fut un jour le quai, on se délecte d’imaginer apercevoir le train au loin, traversant le pont en fer tel une œuvre d’art, nos pieds ne tiennent pas en place à l’idée des vibrations des rails, dans l’attente frémissante de voir la tête de la locomotive ralentir à notre hauteur et cracher sa vapeur, se figurant une dame en robe élégante et chapeau de circonstance passant un mouchoir blanc par la fenêtre en guise de bonjour.

Les surprises de la Route 7
On reprend notre chemin et on aperçoit un bus bariolé dans la plaine, à droite de la route.
On gare le van sur le bas-côté, on le mitraille tant il est photogénique et on continue.
✅ N’ayez crainte de vous arrêter, les autorités ne vous diront rien et les photos de route sont incroyables.
C’est déjà ce qu’on a fait, quasiment en face du poste frontière, pour photographier les petits ponts de tôle montés au-dessus des rails.

Le petit pont de Picheuta
Notre dernier arrêt du jour sur la Route 7 avant d’arriver à Uspallata, à 21 km de là, est le pont de Picheuta.
De nouveau un lieu chargé d’histoire et de symbole. A noter qu’il faut prendre un petit chemin de terre donc soyez attentifs.
On a la bonne surprise de découvrir, non seulement, un tout petit pont très mignon en grosse pierre mais aussi une rivière qui passe dessous et va nous rafraîchir.
Il fait mortellement chaud et on n’hésite pas à retirer nos chaussures de rando pour tremper nos pieds.
L’endroit est désert, on a tout le loisir d’en profiter.
Le pont date de l’époque coloniale, un des plus vieux de tout le pays.
Construit et emprunté par l’armée des Andes, dirigée par le Général José de San Martin, pour, semble-t-il, libérer le pays de l’occupation espagnole.

Notre arrivée à Uspallata
Nous arrivons dans la rue principale de Uspallata en début de soirée.
On n’y voit pas grand intérêt, si ce n’est, qu’on a faim et qu’on a besoin d’un endroit où poser la van pour la nuit.
On tombe très vite sur le seul bar qui fasse de la petite restauration.
« El Tibet » ne paye pas de mine, ce qu’on mange n’est pas terrible mais au moins, ce n’est pas cher.
On dort dans la rue principale, à la fin de la ville.
Le voyage est court.
Essayons de le faire en première classe.
Philippe Noiret
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